par le commandant honoraire Christian Galland

Le lieutenant Denis Foehrlé va rejoindre les rangs des sapeurs-pompiers vétérans. Par son engagement, sa disponibilité, son implication et ses investissements, il a été un infatigable pilier des pompiers de Fessenheim durant 50 années. Un parcours inégalé. Faute de cérémonie lors de la Sainte-Barbe 2020 – mesures sanitaires obligent – il devra patienter pour être mis à l’honneur par ses pairs et être promu au grade de capitaine.

Ses premiers pas, c’est le cas de le dire, furent rythmés par la clique des sapeurs-pompiers de Fessenheim que Denis intègre dans les années 1970-71. Clairon, tout comme son père Charles (1936-2003), sapeur-pompier volontaire et caporal au sein du corps communal. Au même titre que bon nombre des « cliquarts », il signe son premier engagement à 16 ans. Si les plus anciens ne disposent d’aucune compétence en secourisme, pas question pour les jeunes recrues de déroger à l’obligation d’être au minimum titulaire du brevet national de secourisme (BNS). Il convient de préciser que le chef de corps du moment, le lieutenant Gilbert Meyer, est moniteur national de secourisme. En 1978, Denis se classe parmi les 5 premiers de l’arrondissement de Guebwiller, premier du centre de formation d’Ensisheim, obtenant haut la main son diplôme du BNS, avec mention ranimation.

Maitre nageur sauveteur à la piscine de Fessenheim, il est breveté BNSSA (sauveteur aquatique) en 1984 et il obtient avec succès son brevet national de moniteur de secourisme. C’est cette même année, alors que le corps n’est pas encore centre de secours, que Fessenheim devient centre de formation et dispense ses premiers enseignements du BNS-ranimation. En effet, grâce aux cinq autres moniteurs nationaux de secourisme, sapeurs-pompiers volontaires travaillant tous au CNPE, Fessenheim avec ses six moniteurs, dispose d’autant de formateur que tous les centres de secours de l’arrondissement réunis. Une particularité, aucun n’est gradé, tous sans exception étant alors sapeurs de 2e classe.

En 1985, Denis est promu caporal. Fessenheim devient officiellement centre de secours en juin 1987, année de l’obtention de la « trilogie », Denis ayant satisfait après formation aux épreuves du secours routier. Dès lors, les formations et les promotions s’enchaînent sans temps mort, parallèlement à l’enseignement du secourisme, formations et recyclages. Denis est caporal chef en 1988, puis sergent après examen en 1990. En 1992, après une semaine de théorie et de pratique sanitaire au CESU (enseignement secours d’urgence) au SAMU de Mulhouse, puis une semaine de garde aux urgences, en antenne de réanimation et en véhicule médicalisé SMUR, il satisfait aux évaluations du perfectionnement VSAB (véhicule de secours d’urgence aux asphyxiés et blessés). Un diplôme ouvrant droit à la fonction de chef d’agrès VSAB, cet engin (ambulance) étant remisé et mis en service en novembre. La même année il passe également son permis bateau « voies fluviales » (il est titulaire du permis mer) et il est diplômé équipier CMIR (cellule mobile d’intervention radiologique), une fonction correspondant à l’actuelle formation RAD 1. À la Sainte Barbe, il est nommé sergent-chef.

En mai 1993, Denis épouse Sophie. À la fin de l’année suivante nait Lucas, qui par la suite fut successivement jeune sapeur-pompier puis pompier volontaire. Lucas, qui est actuellement militaire au prestigieux bataillon des marins pompiers de Marseille. Denis est promu adjudant en février 1995, au terme d’une semaine de formation intensive à l’école départementale alors implantée dans le centre de secours principal de Mulhouse. Charlotte nait deux ans plus tard (février 97), elle aussi JSP avant d’intégrer les effectifs du CIS.

1998, Denis pilote le projet de restauration du Dodge sauvegardé, véhicule motorisé roulant venu compléter la collection du musée aujourd’hui disparu, alors implanté dans les murs du CIS. Responsable de la formation secourisme, cette prérogative lui sera confortée à sa nomination au grade de sous lieutenant lors des journées festives du 6 septembre. À la Sainte Barbe 2000, il est nommé lieutenant. C’est en cette période qu’il prend la fonction de responsable du secourisme de l’arrondissement. D’autres formations complètent dès lors un potentiel de compétences déjà acquis, dont notamment celle de chef de groupe, correspondant à l’ancien officier de garde. En langage opérationnel, un groupe peu comprendre jusqu’à quatre engins.

C’est en 2004 qu’il devient responsable de la section des JSP, un projet dont il fut l’instigateur, soutenu par l’amicale. En 2006, il est titulaire de l’instructorat de secourisme, compétence aujourd’hui déclinée « formateur de formateurs ». À la cessation de plein droit du capitaine honoraire Bruno Fisson, en 2007, Denis accepte la fonction officielle d’adjoint au chef de centre.

JSP Magazine de mars 2009 dédie quelques unes de ses pages à la section des JSP de Fessenheim, mettant à l’honneur tout le travail consacré à ce vivier faisant déjà l’objet d’une notoriété, souvent publiée en presse locale. Aussi, c’est tout naturellement que sur proposition du chef de centre, Denis est décoré en 2011 de la médaille d’argent avec rosette pour service exceptionnel. À la Sainte Barbe 2017, la médaille d’honneur pour 40 années de service lui est décernée. Elle complète les mérites qu’il peut fièrement arborer sur sa vareuse, en l’occurrence la médaille d’honneur des communes, celle des jeunesses et sports, celle de la protection civile et celle de l’union départementale.

En plus de l’exigence et la rigueur dont il a toujours fait preuve en matière de secourisme, je veux aussi rendre hommage à l’homme et son altruisme parfois méconnu ou trop singulièrement banalisé. Pendant plus de 20 ans, combien de candidats sauvés de l’échec ou rattrapés en examens ? Nombreux sont ceux qui ignorent à quel point ils lui sont redevables.

Denis rejoint les rangs des vétérans, sans pour autant cesser son activité associative au sein du centre de Fessenheim – secours et sauvetage (CFSS).